mardi 2 janvier 2007

We shall overcome

Le troisième millénaire - chrétien - a donc l'âge de raison. A moins que ce ne soit une histoire d'espionnage ou de nostalgie mao, le grand bond 007.
Pour commencer, je me sens obligé de citer MY, qui m'a écrit peu avant Noël le commentaire suivant : "En fait je trouve que l'activité blog a un côté impudique. (...). C'est un peu comme un peep show de mots (je ne suis pas certain de l'écriture de « peep »)".
D'abord, je tiens à le rassurer quant à l'écriture de "peep" : c'est la bonne. "To peep at" signifie en anglais "reluquer". Ensuite, je m'étonne justement de cette réluctance au blog sous prétexte d'impudeur d'autant que MY se réclamait - jadis, certes - du surréalisme et, plus précisémént, d'André Breton, qui théorisa la notion de "maison de verre". Rien à cacher et, pour le reste, je crois avoir défendu dans ce blog même mes propres réticences à ce do-it-yourself medium. Je renvoie d'une part à ma contribution du 7 octobre "Du blog comme aporie" et, d'autre part, à ce double devoir de réserve qui me tient intuiti personae respectueux de mon entourage et de mon intimité - ce que Malraux appelait le "petit tas de secrets" - et de mon chancelant statut de fonctionnaire. Quoi qu'il en soit, l'écriture est toujours une sorte de maximisation sous contraintes comme disent les économistes marginalistes. Reste que je salue la fulgurante assertion de MY selon laquelle "La blogosphère m'intéresse quand même mais comme une antiquité à venir" !
Et, puisque nous en sommes au stade des résolutions, je m'engage ici à donner à ce blog, jusque là sporadique, un rythme qui soit à la mesure de ma traversée des évènements. Je m'y attacherai pour peu qu'une définition de cette traversée et, surtout, de l'évènement en lui-même, se fasse jour. Wait and see.
Un mea culpa s'impose avant l'épiphanie. Il concerne Rosanvallon et son dernier livre, la contre démocratie, que j'ai lâchement assassiné au début de ce blog avant même de l'avoir lu. A tort puisqu'il s'agit là d'une exploration singulière - vingt ans de conversion libérale n'auront donc pas suffi au bonhomme, est-ce un signe ? - du champ de la démocratie, hors, justement, la stricte norme libérale de la délégation et de la représentation, sous les trois espèces du pouvoir de surveillance, de la souveraineté d'empêchement et, enfin, du peuple-juge. J'y reviendrai plus longuement mais cela me conduit à Ségolène Royal, démocratie participative oblige. Là encore, j'ai été assez lapidaire. J'avais en tête un schéma simple, à savoir que la candidate du PS était l'aboutissement "socialiste" de la subversion de la question sociale par la préoccupation dite sociétale. J'en suis toujours là sauf que deux arguments d'autorité m'ont été récemment opposés par un politiste, sans permis de conduire, que je reconduisais récemment à son domicile. Un, elle serait la principale opposante de Sarkozy. Et, ledit Sarkozy, n'est pas de la race des candidats de droite que nos étranges institutions ont porté en hérault jusque là, de par le seul fait que rien ne le limite, qu'il est littéralement sans bornes. Dangereux ? Il me fait bel et bien l'effet de ce que les anciens grecs appelaient les sycophantes. Deux, elle draine avec elle un changement de génération - Montebourg, Peillon, Assouline, ... - que j'appelle de mes voeux depuis longtemps. Cela suffira-t-il à me retenir de déposer un bulletin NUL dans l'isoloir ? Ou de m'abstenir de participer à cette mascarade, cette farce, cette mauvaise blague de ladite démocratie d'opinion à son acmé ? Je partage sans doute définitivement avec Orwell cette "horreur du politique" si bien décrite par Simon Leys dans un ouvrage de 1984 très récemment republié.
Reste que, après quelques jours dans la campagne toulousaine - et deux belles escapades dans la ville rose sous un soleil radieux - l'année ne pouvait pas mieux commencer qu'avec ce concert de Stéphane Belmondo au Sunside - avec Eric Legnini au piano, quelles couleurs de clavier ! - en hommage à la musique de Stevie Wonder. D'une année l'autre en ternaire, ce tempo afro-américain qui n'est rien d'autre que miraculeux. L'universel prend des méandres dont je ne verrai pas l'embouchure mais dont j'aurai senti le corps : joie et souffrances.
Chacune de ces phrases mériteraient de longs développements plutôt que ces ellipses. Mais telle est la loi du fragment dont on espère seulement qu'elle rappelle l'essentiel. Mais, puisqu'il s'agit, pour nous profanes, d'un nouveau début, j'ai envie de commencer l'année comme je l'avais finie, en rappelant cette fois à nous les lyrics de ce qui fut l'hymne de tous les laissés pour compte de l'empire américain ( que nous sommes tous peu ou prou ?):
We shall overcome
We shall overcome
We shall overcome some day
Oh deep in my heart
I do believe
We shall overcome some day
We'll walk hand in hand
We'll walk hand in hand
We'll walk hand in hand some day
We shall all be free
We shall all be free
We shall all be free some day
We are not afraid
We are not afraid
We are not afraid today
We are not alone
We are not alone
We are not alone today
The whole wide world around
The whole wide world around
The whole wide world around some day
We shall overcome
We shall overcome
We shall overcome some day
Bonne année à toutes et tous !