dimanche 14 janvier 2007

De l'époque comme époché

Les étapes méthodologiques de la phénoménologie de Husserl sont peu ou prou les suivantes :
1. L'époché : il s'agit tout à la fois d'un acte de retrait et de mise en suspension permettant une observation désintéressée du monde.
2. La "réduction phénoménologique" : elle permet le passage de la simple donnée naturelle à son sens comme phénomène.
3. La "constitution" : elle consiste en une redécouverte du monde comme horizon de sens, comme unité de sens, mais une unité que l'on constitue soi-même en tant que conscience ouverte sur le monde.
Si je parle de cela, ce n'est pas simplement par snobisme culturel mais parce que j'y trouve une homologie avec notre époque. En quoi ? En cela que tout se passe comme si l'acte d'époché était bien l'alpha de notre être à ce monde mais, aussi, son oméga. La suspension est totale, tout flotte (je parle des valeurs), sans fondement, tout fait phénomène (ou événement), sans discernement. En d'autres termes, il n'y a rien à suivre derrière l'époché, ni réappropriation du sens comme phénomène, ni retour de soi comme conscience. Im-politiques, im-personnelles, voilà les catégories actuelles. On comprend ainsi mieux comment l'abstention, sous toutes ses formes, est devenu le dernier refuge de la contradiction à ce système. Je posais déjà cette question, avec l'aide majeure de Baudrillard, dans un rebond de Libération en 1994 autour de la figure du SDF. Et ce n'est pas l'activisme bavard et médiatique des modernes Don Quichotte qui me démentira. Le seul dernier véritable droit opposable est bien celui de n'échanger symboliquement avec le Social que sa propre mort au Social.