dimanche 3 juin 2007

Gloire au jetlag


L'Amérique s'est estompée, les images de la vacance new-yorkaise également, avec tout son cortège d'étrangetés qui bouscule l'habitus, et se pose de nouveau la question, cruciale pour moi, du jeu social, du mode d'être au social. Dans ce contexte, regarder Roland Garros devient fascinant tant l'hexis corporelle développée par les tennismen et women se donne à voir dans une forme quasi-parfaite. Et revient alors ce besoin de Bourdieu dans son acception pour moi la plus limpide, celle exprimée dans le sens pratique. J'ai trop peu pratiqué la geste lacanienne de passeur pour y résister ici : voici donc un lien vers une fiche de lecture de l'ENS Lyon qui en donne toute la puissance : http://socio.ens-lsh.fr/agregation/corps/corps_fiche_bourdieu.php.

Cependant, quelque chose résiste encore au retour complet à la vie parisienne et, si il y a nostalgie, ce n'est pas seulement de NYC - dont l'histoire commence alors que celle de Paris, ville fondamentalement du 19ième siècle comme le Benjamin des Passages l'a montré comme devers lui, se terminait - mais aussi du sentiment physique et psychologique d'être en décalage. Alors, pour retrouver ou recouvrer cet état, où la conscience s'aiguise loin du sens commun et tout aussi loin des repères scholastiques, dans une sorte de prégnance du sens pratique qui ne serait pas le lourd produit intellectuel d'une objectivation de l'objectivation mais d'une simple et légère mise à distance de soi du social - mise à distance sans laquelle le voyage, la vacance ne serait rien - on se saoûle de la lecture d'Ellroy, on feuillette l'album de photos, de ces instantanés de l'ailleurs, et l'on rêve d'une forme incorporée de la dissidence au social, entre rêve et veille, raison et intuition. Ne serait-ce pas cela le rêve américain ?