dimanche 10 juin 2007

S'en fout le score

Il y a quelques années, le grand Francis Marmande, ce grand amateur de jazz et de tauromachie dont on oublie trop souvent qu'il fut le continateur de Georges Bataille à la tête de la revue Critique, nous avait entretenu dans sa chronique du Monde d'une équipe de foot, à moins que ce ne soit de rugby, africaine, qui s'était baptisée "S'EN FOUT LE SCORE". Eh bien, en ce jour de Législatives escamotées (consacrant la nature plébiscitaire et infantile de la Vième République) et de nouvelle défaite de Roger Federer en finale de Roland Garros, je ferai mien cet état d'esprit magnifique. S'en fout le score de l'UMP, s'en fout le score du tâcheron espagnol, s'en fout le score tout court. On a presque envie à l'heure où les managers de la performance dominent le sport tout comme la politique - Baudrillard avait évoqué cette diffusion des valeurs performatives dans tous les domaines du social, dont le travail, dès les années 80 - de revenir à un idéal très ancien-régime, celui du style, de la courtoisie, du duel en règle (celui de Federer en fait, qui reste tout de même le meilleur, ce qui est un signe d'espoir). Quelle autre asymétrie instaurer dans cette post-modernité écoeurante de normativité managériale ? S'en fout le score ! Nothing else.