La Gauche ou le cadavre dans le placard (celui du social)
Que l'on songe que notre BHL aura déjà répondu, avec le brio qu'on lui connaît, à la petite dissertation que je proposais il y a deux mois déjà à nos esprits, relative à l'état de la Gauche. Me coupant ainsi la chique. Mais combien son livre est éclairant !
(Son livre ou sa posture car les deux termes sont équivalents. BHL comme Finkielkraut et tellement d'autres qui encombrent les ondes, les télévisions, les éditoriaux, sont ce que j'appellerais des idéaux-types estampillés Weber de cette curieuse figure si française - et de l'essayisme éponyme qui lui est consubstantiel si bien fustigé par Bourdieu - du normalien. Je le traduirai d'une simple formule opératoire : on parle comme on écrit et l'on écrit comme on parle. L'essayisme à la française, c'est effectivement cette opération par laquelle une longue dissertation scolaire devient livre, opinion, avis établi. On ne trouvera là-dedans, ce fatras, pas l'ombre d'une épistémologie, d'une quelconque scientificité : l'objet n'y est jamais constitué et, las, aucune méthode n'y est jamais mobilisée : empire scholastique de la loghorrée, forme d'incontinence du verbe, complaisance absolue, vanité absolue du sens au profit de la sentence comme auto-légitimée par la seule appartenance aux anciens de la rue d'Ulm).
Cette parenthèse fermée, on a ici confirmation de ce qui a souvent été écrit dans ces miscellanées, à savoir que, cette Gauche-là, est morale, moralisatrice même, qu'elle n'entretient plus (et de manière forte et assumée) aucun lien avec la question sociale, cette formidable bombe à retardement (du coup).
La dissolution de la question sociale dans le moralisme, c'est l'éternel couverture des jaunes de tous poils et obédiences, pour nous faire oublier ce qu'est la Gauche. J'ai promis de livrer ici la version que j'en préfère, celle de Deleuze, mais ce sera pour la prochaine fois. Il faut (j'assène un peu, aussi) être suffisamment marxiste pour saisir que la question sociale, dans nos sociétés post-modernes, post-industrielles, post-ce-que-l'on-voudra, hante littéralement le champ politique et que là est le scandale moderne absolu, qu'il faut subvertir à tout prix : au couple dominant/dominé, riches/pauvres, qui alimente tous les jours le travail du politique depuis l'intrusion des masses, tout se passe comme s'il fallait substituer n'importe quoi mais autre chose : l'opposition nationaux/étrangers (ou méritants/ imméritants) si l'on est de Droite, la question éthique ou du sens de l'histoire, si l'on est de la Gauche "normalienne", pour faire court, ou de la Gauche historique, celle de l'Huma, qui ne voit plus dans tout cela que de la "mémoire".
Au contraire et, au risque de me répéter, ce travail du politique, constant dans toute société humaine organisée, s'articule bien autour de la question sociale mais, plus ou moins dévoilée (c'est là, dans ce sous-dévoilement systématique, que nous souffrons d'un manque criant de sociologie pour le plus grand triomphe de la philosophie de bazar). Le problème aujourd'hui tient à ce que ce travail du politique est souterrain, faute d'être représenté. Cette distorsion dans la représentation n'est possible, admissible, que par la construction sans précédent d'un système de masse-divertissement qui le renvoie, ce travail du politique, à une sorte d'infinie latence, puisque nous en détournant à tout moment et à tout propos. Voilà où nous en sommes old folks et, waiting for Deleuze, il reste l'inspiration géniale du petit frère Cobain :
"With the lights out its less dangerous
Here we are now
Entertain us
I feel stupid and contagious
Here we are now
Entertain us
A mulatto
An albino
A mosquito
My libido
Yea"
(Son livre ou sa posture car les deux termes sont équivalents. BHL comme Finkielkraut et tellement d'autres qui encombrent les ondes, les télévisions, les éditoriaux, sont ce que j'appellerais des idéaux-types estampillés Weber de cette curieuse figure si française - et de l'essayisme éponyme qui lui est consubstantiel si bien fustigé par Bourdieu - du normalien. Je le traduirai d'une simple formule opératoire : on parle comme on écrit et l'on écrit comme on parle. L'essayisme à la française, c'est effectivement cette opération par laquelle une longue dissertation scolaire devient livre, opinion, avis établi. On ne trouvera là-dedans, ce fatras, pas l'ombre d'une épistémologie, d'une quelconque scientificité : l'objet n'y est jamais constitué et, las, aucune méthode n'y est jamais mobilisée : empire scholastique de la loghorrée, forme d'incontinence du verbe, complaisance absolue, vanité absolue du sens au profit de la sentence comme auto-légitimée par la seule appartenance aux anciens de la rue d'Ulm).
Cette parenthèse fermée, on a ici confirmation de ce qui a souvent été écrit dans ces miscellanées, à savoir que, cette Gauche-là, est morale, moralisatrice même, qu'elle n'entretient plus (et de manière forte et assumée) aucun lien avec la question sociale, cette formidable bombe à retardement (du coup).
La dissolution de la question sociale dans le moralisme, c'est l'éternel couverture des jaunes de tous poils et obédiences, pour nous faire oublier ce qu'est la Gauche. J'ai promis de livrer ici la version que j'en préfère, celle de Deleuze, mais ce sera pour la prochaine fois. Il faut (j'assène un peu, aussi) être suffisamment marxiste pour saisir que la question sociale, dans nos sociétés post-modernes, post-industrielles, post-ce-que-l'on-voudra, hante littéralement le champ politique et que là est le scandale moderne absolu, qu'il faut subvertir à tout prix : au couple dominant/dominé, riches/pauvres, qui alimente tous les jours le travail du politique depuis l'intrusion des masses, tout se passe comme s'il fallait substituer n'importe quoi mais autre chose : l'opposition nationaux/étrangers (ou méritants/ imméritants) si l'on est de Droite, la question éthique ou du sens de l'histoire, si l'on est de la Gauche "normalienne", pour faire court, ou de la Gauche historique, celle de l'Huma, qui ne voit plus dans tout cela que de la "mémoire".
Au contraire et, au risque de me répéter, ce travail du politique, constant dans toute société humaine organisée, s'articule bien autour de la question sociale mais, plus ou moins dévoilée (c'est là, dans ce sous-dévoilement systématique, que nous souffrons d'un manque criant de sociologie pour le plus grand triomphe de la philosophie de bazar). Le problème aujourd'hui tient à ce que ce travail du politique est souterrain, faute d'être représenté. Cette distorsion dans la représentation n'est possible, admissible, que par la construction sans précédent d'un système de masse-divertissement qui le renvoie, ce travail du politique, à une sorte d'infinie latence, puisque nous en détournant à tout moment et à tout propos. Voilà où nous en sommes old folks et, waiting for Deleuze, il reste l'inspiration géniale du petit frère Cobain :
"With the lights out its less dangerous
Here we are now
Entertain us
I feel stupid and contagious
Here we are now
Entertain us
A mulatto
An albino
A mosquito
My libido
Yea"
Bonnes grèves, quelles qu'elles soient. A bientôt.
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