Blog must go on ?
Mes quelques lecteurs, et autant d'amis, n'entendent pas - d'après leurs mails ou témoignages - que j'en termine ainsi ou, plutôt, que j'en termine ici avec ce blog ou cette blog production. Cela, entre Ascension et Pentecôte, ne va pas sans me flatter mais on comprendra là aussi que mon vieil ego ne soit plus aussi réactif que jadis à ces marques d'amitié, tout esprit saint mis à part.
Mais revenons aux raisons de cet arrêt subit du commentaire, de cette rupture de flux. Ils tiennent, et je ne m'en suis pas assez expliqué, à une question de circonstances autant qu'à celle de l'écriture de ces miscellanées.
Les circonstances, d'abord. Soyons clair, l'éléction de Sarkozy n'y est que pour peu de choses. Lorsque j'ai commencé les "sunday posts" en septembre, l'élection présidentielle n'était qu'un point à l'horizon et la question du politique était pour moi à ce point devenue suspendue - on parlera plutôt d'état stationnaire du politique ou de phase comateuse sous perpétuelle assistance publicitaire et médiatique, la gravité étant perdue comme dans ces dessins animés de Tex Avery où les personnages pédalent longuement dans le vide avant que de s'effondrer sous le principe de réalité, principe qui, justement, fait désormais défaut dans l'économie du politique - que ces miscellanées n'ont que très peu traversé cette préoccupation. En d'autres termes, l'élection de Sarkozy, ce désormais manager de la France inc. aux allures de parvenu, est à mon sens un non-événement tant elle était prévisible. Reste qu'elle venait clore un cycle au sens où la politique française entrait ainsi de plain pied dans la norme de toutes les démocraties européennes et occidentales. En ce sens, l'on pouvait s'arrêter là.
Quant à l'angle d'attaque de l'écriture, maintenant. Ces miscellanées n'ont jamais vraiment choisi leur mode d'exercice. Ni parti-pris de frivolité ou d'obssession esthétique récurrente - on pensera au Journal de Kafka et à sa façon de noter l'entrée dans la guerre de 14 (de mémoire) : "Ce matin, la Russie a déclaré la guerre à l'Allemagne ; après-midi : piscine" - ni analyse infra ou méta-politique, qui contribuerait, aujourd'hui, à surveiller le sarkozisme et à soutenir toute faculté d'empêchement de ses excès. Dans l'impuissance à écrire dans le spectre ouvert entre une pseudo-résistance et une fuite libertine, il fallait, là encore, s'arrêter, l'essentiel ayant été dit, finalement, dans ce puzzle de posts écrits à la diable.
Pourquoi cela continuerait-il, ainsi ? Nulle raison, autre que celle d'une discipline d'écriture un rien narcissique. Mais je ne le suis pas assez pour cela. Alors ? C'était compter sans ces six journées passées à New York, qui ont ébranlé ma résolution. Cela tient sans doute à ce rapport d'une si franche altérité, pour moi européen, que l'Amérique entretient avec la réalité. Baudrillard, là encore, écrivait dans son génial livre "Amérique" combien son territoire était celui de l'utopie réalisée et de la mise en forme opérationnelle (sans passer par la case analytique) des concepts européens. Il y a là quelque chose de si tellement réjouissant qu'elle fait de la modernité, de notre modernité, une forme roborative. Que l'on se comprenne bien : je ne voue aucun culte à l'Amérique, à ses croyances religieuses, à son racisme latent, à son messianisme fondateur de pionniers et historique d'hyper-puissance ; mais je loue sa posture cool, je jouis de sa non-contamination par les concepts du 19ième siècle qui nous fondent, nous autres, (en premier lieu celui de l'histoire !) et qui n'ont pas traversé l'Atlantique. On ne mesure pas combien il est bon de se sentir, dans les rues de NYC, dans son siècle, dans son temps, dans une espèce d'absolue candeur et de foi en l'avenir. Et, c'est parce que je veux rester sur ce sentiment, conserver ce feeling, que je continue ce blog. Ne serait-ce que pour évoquer cette brutale réversion du sens, la frénésie verticale de New York - à laquelle répond l'explosion horizontale de la côte ouest -, cette way of life aussi brutale que douce, qui nous extirpe de tout sentiment de culpabilité intellectuelle, philosophique, avec le monde tel qu'il va.
A dimanche. Blog must go on.
Mais revenons aux raisons de cet arrêt subit du commentaire, de cette rupture de flux. Ils tiennent, et je ne m'en suis pas assez expliqué, à une question de circonstances autant qu'à celle de l'écriture de ces miscellanées.
Les circonstances, d'abord. Soyons clair, l'éléction de Sarkozy n'y est que pour peu de choses. Lorsque j'ai commencé les "sunday posts" en septembre, l'élection présidentielle n'était qu'un point à l'horizon et la question du politique était pour moi à ce point devenue suspendue - on parlera plutôt d'état stationnaire du politique ou de phase comateuse sous perpétuelle assistance publicitaire et médiatique, la gravité étant perdue comme dans ces dessins animés de Tex Avery où les personnages pédalent longuement dans le vide avant que de s'effondrer sous le principe de réalité, principe qui, justement, fait désormais défaut dans l'économie du politique - que ces miscellanées n'ont que très peu traversé cette préoccupation. En d'autres termes, l'élection de Sarkozy, ce désormais manager de la France inc. aux allures de parvenu, est à mon sens un non-événement tant elle était prévisible. Reste qu'elle venait clore un cycle au sens où la politique française entrait ainsi de plain pied dans la norme de toutes les démocraties européennes et occidentales. En ce sens, l'on pouvait s'arrêter là.
Quant à l'angle d'attaque de l'écriture, maintenant. Ces miscellanées n'ont jamais vraiment choisi leur mode d'exercice. Ni parti-pris de frivolité ou d'obssession esthétique récurrente - on pensera au Journal de Kafka et à sa façon de noter l'entrée dans la guerre de 14 (de mémoire) : "Ce matin, la Russie a déclaré la guerre à l'Allemagne ; après-midi : piscine" - ni analyse infra ou méta-politique, qui contribuerait, aujourd'hui, à surveiller le sarkozisme et à soutenir toute faculté d'empêchement de ses excès. Dans l'impuissance à écrire dans le spectre ouvert entre une pseudo-résistance et une fuite libertine, il fallait, là encore, s'arrêter, l'essentiel ayant été dit, finalement, dans ce puzzle de posts écrits à la diable.
Pourquoi cela continuerait-il, ainsi ? Nulle raison, autre que celle d'une discipline d'écriture un rien narcissique. Mais je ne le suis pas assez pour cela. Alors ? C'était compter sans ces six journées passées à New York, qui ont ébranlé ma résolution. Cela tient sans doute à ce rapport d'une si franche altérité, pour moi européen, que l'Amérique entretient avec la réalité. Baudrillard, là encore, écrivait dans son génial livre "Amérique" combien son territoire était celui de l'utopie réalisée et de la mise en forme opérationnelle (sans passer par la case analytique) des concepts européens. Il y a là quelque chose de si tellement réjouissant qu'elle fait de la modernité, de notre modernité, une forme roborative. Que l'on se comprenne bien : je ne voue aucun culte à l'Amérique, à ses croyances religieuses, à son racisme latent, à son messianisme fondateur de pionniers et historique d'hyper-puissance ; mais je loue sa posture cool, je jouis de sa non-contamination par les concepts du 19ième siècle qui nous fondent, nous autres, (en premier lieu celui de l'histoire !) et qui n'ont pas traversé l'Atlantique. On ne mesure pas combien il est bon de se sentir, dans les rues de NYC, dans son siècle, dans son temps, dans une espèce d'absolue candeur et de foi en l'avenir. Et, c'est parce que je veux rester sur ce sentiment, conserver ce feeling, que je continue ce blog. Ne serait-ce que pour évoquer cette brutale réversion du sens, la frénésie verticale de New York - à laquelle répond l'explosion horizontale de la côte ouest -, cette way of life aussi brutale que douce, qui nous extirpe de tout sentiment de culpabilité intellectuelle, philosophique, avec le monde tel qu'il va.
A dimanche. Blog must go on.